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Le poète lituanien d’expression française Oscar Vladislas de Lubicz Milosz (1877-1939) est né en « Lituanie historique », aujourd’hui la Biélorussie, territoire qui avait autrefois fait partie du Grand Duché de Lituanie. Ses premiers poèmes paraissent en 1899. Désormais, il ne cessera plus d’écrire : poésie, roman, théâtre, traductions, essais politiques et métaphysiques. « Milosz, c’est le plus beau don que l’Europe ait fait à la France », dira le poète français Paul Fort.
En 1919, Milosz devient le premier représentant de la Lituanie ayant retrouvé son indépendance. « Venez, je vous conduirai en esprit vers une contrée étrange, vaporeuse, voilée, murmurante… C’est Lietuva, la Lituanie, la terre de Gédymin et Jagellon ». Conférence ou poème ? Les diplomates de l’Entre-deux-guerres avaient vite remarqué ces rapports de la Délégation lituanienne, rédigés dans un français remarquable !
Dans les années 1930, il découvre Fontainebleau et ses jardins. C’est là qu’il accueillera, durant l’été 1931, son petit cousin Czeslaw Milosz, futur Prix Nobel de littérature, qui dira de lui : « Il a littéralement changé ma vie en me forçant à chercher une réponse aux questions que soulève sa méditation entourée de mystère, ce qui, pour lui, était l’essence même de la poésie ».
– Janine Kohler
Extraits d’une biographie du poète Milosz

Dès avril 1939, un mois après la mort du poète, l’association des amis de Milosz se constitue et édite quatre Cahiers jusqu’en 1941. Tout recommence en mars 1966 autour d’André Silvaire, éditeur, qui publiera les œuvres complètes de Milosz en 13 volumes. Depuis 1966, l’association publie un Cahier annuel, édité avec le concours du Centre national des lettres et publié par les éditions du Rocher qui ont racheté le fonds Milosz. En août 2008, les Amis de Milosz font un voyage en Lituanie, ce qui constitue une première dans l’histoire de l’association.

1-Groupe-Amis-de-MiloszEn voici les 14 participants : Luc Coste-Sarguet, Joséphine Ferrari, Jean-Louis et Elisabeth Gindensperger, Christine Hantush, Marie-Hélène et Jean-Pierre Joyeux, Janine et Rodolphe Kohler, Andrée Multon, Bernadette et Jacques Nizard, Michelle et Olivier Piveteau.

Luc Coste-Sarguet a regroupé et présenté quelques notes et impressions recueillies au cours de ce voyage en pays lituanien, ainsi qu’un extrait d’une présentation d’Oscar Milosz en 2007 à Bize-Minervois, à l’occasion de la manifestation culturelle « le Printemps des Poètes », dont l’entrelacs retrace autant que possible le « jardin de solitude et d’eau », patrie poétique d’Oscar Milosz.
Ceci à quelques mois de l’année 2009 qui sera pour Vilnius un temps de reconnaissance internationale. Les villes de Linz en Autriche et Vilnius en Lituanie seront alors les capitales européennes de la culture. 2009, ce sera le 1000ème anniversaire de la première mention du nom de la Lituanie, qui apparaît en l’an 1009, dans les annales de Quedlinburg.
En cet été 2008, nous vivons des temps troublés et nous avons senti combien certains peuples se sentent à nouveau  menacés dans leur intégrité. Vous le verrez, la Lituanie, ex-république soviétique, a reconquis son indépendance récemment. C’était en 1991. On visite aujourd’hui les sous-sols de l’administration du KGB à Vilnius. On visite le parc des statues déboulonnées. On rencontre encore des témoins de ce passé, des gens qui ont été déportés en Sibérie et d’autres, dont l’oncle, la tante, le père, la mère… ont un jour disparu et ne sont jamais revenus.

2-Accueil-Amis-de-MiloszArrivant en Lituanie, les Amis de Milosz ont été accueillis à l’aéroport de Vilnius par Richard Backis, ambassadeur honoraire de Lituanie, membre de notre comité directeur, Caroline Paliulis, qui assure un lien précieux avec notre association, et Geneviève Druckuté, professeur à l’université de Vilnius, dont nous lisons les articles avec un grand intérêt.

Ce voyage a revêtu une grande valeur à nos yeux, grâce à la rencontre avec des Lituaniens qui nous ont traités en amis, à l’université de Vilnius, au centre Robert Schuman de Kaunas, ou encore avec notre guide, Zita, qui nous a bien fait comprendre l’histoire tourmentée et troublée de son pays. Comme l’a affirmé très simplement Olivier Piveteau, « la présence des amis lituaniens a donné un supplément d’âme à notre séjour ».

Présentation du pays lituanien et de Vilnius, la capitale
La Lituanie a été fondée au milieu du XIIIème Siècle. Sous l’autorité des Grands Ducs (Mindaugas, Gediminas…), la domination lituanienne s’est étendue de la mer Baltique aux espaces biélorusses et à une partie de l’Ukraine, jusqu’aux confins de la mer Noire. C’était le temps du « Grand Duché de Lituanie ». En 1410, la bataille de Tannenberg consacre la victoire des Lituaniens face aux chevaliers teutoniques.
Le nom de Vilnius est mentionné pour la 1ère fois dans les archives de Gediminas, en 1327.
Gediminas, le fondateur légendaire de la ville de Vilnius serait venu chasser dans cet endroit très sauvage, où, plus tard, la cité a été édifiée. Il se serait endormi dans la nature et aurait eu un rêve : un loup en fer qui hurlait. L’interprétation des mages : « C’est là que tu dois fonder une ville. Celle-ci aura la particularité de faire vivre plusieurs communauté différentes en parfaite harmonie. Par sa réputation, elle résonnera autant que les hurlements de ce loup. » Après l’indépendance de 1991, un artiste lituanien a illustré cette légende.

3-Porte-de-l'AuroreEn 1500, Vilnius et la Lituanie sont attaqués par les Tartares. Cette période de guerre est à l’origine de la construction des remparts autour de l’actuelle capitale du pays. Neuf portes, dont la plus célèbre se nomme « Porte de l’Aurore », connue aussi sous le nom de « Porte Sainte ». Depuis le XVIIème siècle, cet édifice abrite le portrait d’une vierge déclarée miraculeuse. Aujourd’hui encore, c’est là un endroit sacré pour les Lituaniens. En occident, plusieurs églises abritent une copie de cette œuvre d’art magistrale. On la retrouve, sans les dorures, à Paris, au quartier latin, à l’église de Saint Severin. Son arrivée dans la capitale française est due au poète Adam Mickiewicz.
En 1569, la Lituanie et la Pologne se réunissent en un seul état, « la République », pour résister à l’envahisseur russe.
Des dynasties suédoises et allemandes ont par la suite régné sur le pays, puis, en 1795, la Prusse, l’Autriche et la Russie se partagent le territoire. À cette date, presque toute la Lituanie est rattachée à l’empire russe. La vie sous la domination de l’empire tsariste est très difficile. Le service militaire obligatoire, d’une durée de 25 ans pour les jeunes hommes, constitue une situation qui déstabilise durablement le pays. C’est pourquoi, lorsqu’en 1812, Napoléon, venant de Prusse, passe par la Lituanie afin de commencer la conquête de la Russie, il est accueilli en libérateur. 50 000 hommes de Lituanie viennent renforcer la « Grande Armée » qui subira une terrible défaite au moment de l’invasion du territoire russe. A partir de cet événement, la Lituanie vit à nouveau sous le joug des tsars.
Cependant, la période la plus terrible est le XXème Siècle.
Le pays subit d’abord l’occupation allemande, puis russe, pendant la 1ère guerre mondiale.
En 1918, c’est la proclamation de l’indépendance du pays.
Mais, dès 1920, Vilnius et sa proche région sont occupés par la Pologne. Kaunas devient alors la capitale de la Lituanie.
En 1939, l’armée soviétique « libère » ce territoire pour en prendre aussitôt possession. Le peuple lituanien subit des déportations en Sibérie. Celles-ci menacent ceux qui protestent contre le régime, des intellectuels, des propriétaires terriens… Pour les travailleurs qui restent au pays, c’est l’ère des kolkhozes.
Après la seconde guerre mondiale, jusqu’en 1991, la Lituanie est une république soviétique de l’ex URSS. Le pays est connu à cette époque pour être très performant en ce qui concerne la production de viande, de produits laitiers et d’œufs, contribuant à alimenter les villes de Moscou et de St Petersbourg, tandis qu’en Lituanie, les magasins d’alimentation restent presque vides.
Le 13 janvier 1991, quand le monde entier était préoccupé par les événements dans le golfe persique, l’armée soviétique occupe la tour de télévision à Vilnius et menace le Parlement. Une partie de la population de la capitale reste alors devant le bâtiment, jour et nuit, afin d’empêcher qu’il ne soit investi. L’attaque n’a finalement pas lieu, mais 14 personnes ont payé de leur vie leur amour de la patrie libre. 600 personnes ont été blessées. Aujourd’hui, au cimetière Antakalnis de Vilnius (l’équivalent du Père Lachaise à Paris), un mémorial rend honneur à ces victimes de l’indépendance de 1991.
Dès que la Lituanie a obtenu la reconnaissance internationale de son statut de pays libre et indépendant, une adhésion a été demandée à l’Union Européenne.
Depuis 2004, la Lituanie fait partie de l’Union Européenne.
Un quart de la population vit aujourd’hui expatriée, aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, en France…

En 2008, les jeunes lituaniens apprennent majoritairement la langue anglaise, toutefois 15 % de la jeunesse apprend le français en seconde langue.
557 000 habitants vivent à Vilnius, ce qui en fait l’une des plus grandes villes des pays baltes. Parmi eux, 81% sont Lituaniens, 6,9% Polonais, 8,1% Russes.
Traversée par un fleuve nommé la Néris, Vilnius est une ville très verte. On y découvre de nombreux bâtiments et édifices d’une  architecture intéressante. L’un des quartiers, proche de l’église St Barthélémy, appelé le « Montmartre de Vilnius », est le lieu privilégié des artistes.

Du point de vue culturel, quelques grands poètes et artistes ont œuvré à la résurrection de ce pays lituanien, surgissant du néant à la fin de la 1ère guerre mondiale.
Aldona Ruseckaité, directrice du Musée Maironis de la littérature lituanienne à Kaunas, écrit dans un article consacré au poète Maironis : « Au tournant des XIXe et XXe siècles, Maironis est une figure emblématique de la poésie lituanienne. (…) Dans ses œuvres, le poète magnifie le passé héroïque de son peuple par opposition à son morne présent ; il veut ressusciter au moins un aïeul parmi les géants du passé et entendre au moins une parole forte parler des temps anciens…  . »
Depuis longtemps, les Lituaniens récitent et chantent les poèmes de Maironis pour eux-mêmes et, plus encore, aux grands moments de l’histoire de leur pays. Le poème « Lietuva brangi » (Lituanie chérie) est devenu, à l’époque soviétique, le véritable chant de ralliement contre le régime. Même lors des fêtes familiales, les Lituaniens le chantaient debout.
On retrouve, dans l’œuvre du poète O. V. de L. Milosz cette volonté de recréer la grandeur passée du pays. Dans un article intitulé « Milosz et la Lituanie », Geneviève Druckuté, de l’université de Vilnius, écrit : « … le pays qu’il connaissait était celui du passé : lutte avec les chevaliers teutoniques, fidélité aux croyances des ancêtres, fondation du Grand Duché, union avec la Pologne. (…) le passé historique du pays des ancêtres, pour Milosz comme pour beaucoup de ses compatriotes, s’était transformé depuis longtemps en mythe. Une des particularités de cette vision mythique était un certain rapport à la réalité passée où, à la fierté d’appartenir à un peuple si glorieux, se mêlait l’amertume du présent.
Dans ses écrits, le poète O. V. de L. Milosz a construit une image de son pays ancrée profondément dans le passé et il a cherché à faire partager sa vision du rôle que la Lituanie pouvait être amenée à jouer en Europe. Il a mis en exergue le patrimoine spirituel de ce petit pays, moralement si fort, avec la conviction que la Lituanie pourrait même devenir un exemple pour les États modernes du continent. « La Lituanie, avec ses valeurs éternelles, aidera les pays européens à retrouver ce qu’ils ont perdu depuis longtemps. »

5-Eglise-St-Pierre-et-St-PaL’église St Pierre et St Paul
En 1655, l’armée nationale remporte une victoire sur les cosaques. L’église est construite à cette époque, en l’honneur de la paix. A l’intérieur, parmi les bas-reliefs, sont représentées des scènes militaires et de la vie des saints.

4-Cimetière-AntakalnisCimetière Antakalnis
Un certain nombre de monuments ont un aspect tellurique, avec des croix qui semblent surgir de la roche. Un mémorial est dédié aux 14 Lituaniens morts en 1991, alors qu’ils résistaient devant l’armée russe qui menaçait la tour de télévision à Vilnius.

6-Palais-de-la-PrésidencePalais de la Présidence
Napoléon y a séjourné 19 jours, avant d’attaquer la Russie avec la Grande Armée. Cette campagne d’invasion se soldera par un échec. Le passage de la Bérézina en est un des épisodes resté célèbre dans l’Histoire.
En 1812, l’empereur écrit de Vilnius que c’est une ville très belle, avec 40 000 habitants et il ajoute : « J’habite dans un palais magnifique où récemment a séjourné l’empereur Alexandre », sans savoir que les choses allaient si mal se terminer pour lui. C’est à cette époque que la maxime suivante est apparue en Lituanie : « Le ciel est très haut et la France très loin ! »

Université de Vilnius
Facultés de lettres, d’histoire et, depuis 2006, de philosophie.
Avec ses 12 cours intérieures dont l’une de style italien avec ses galeries ouvertes, l’université est superbe. Elle a été fondée par l’ordre des Jésuites en 1579. Elle est décorée intérieurement de fresques et de peintures réalisées par des artistes contemporains.

7-Vestibule-des-musesDans l’enceinte de l’université, l’église St Jean, le « vestibule des muses », un tombeau symbolique en bronze (cénotaphe) en l’honneur de tribus baltes aujourd’hui disparues. Des représentations de divinités païennes, le panthéon lituanien avec notamment des mosaïques représentant le serpent sacré (qui protège le foyer) et Perkunas, le dieu du tonnerre.

8-Cathedrale-St-StanislasCathédrale de St Stanislas
Cette très belle cathédrale au centre de Vilnius abrite, dans la chapelle de Saint Casimir, des reliques de ce saint, dont le corps ne s’est pas décomposé.

Au cours d’un après-midi thématique, les amis de Milosz ont visité quelques lieux emblématiques de l’histoire récente du peuple lituanien : les musées de la tolérance, de la déportation et le musée du génocide.

8-Musee-de-la-tolerance
Le musée de la tolérance
rappelle, par des œuvres d’art, la mémoire de la population juive, exterminée pendant la dernière guerre. Ce petit musée émouvant est un hommage au « monde disparu » des Litwaks, juifs lituaniens, et à leur culture. Vilnius, avec ses cent synagogues dont il ne reste rien, était appelée « la Jérusalem de l’Est ».

Le musée de la déportation et du génocide se situe dans un bâtiment édifié sur des sous-sols anciens. Près de 300 maisons de ce genre étaient construites au centre ville de Vilnius.
Il a servi à la Gestapo durant la seconde guerre mondiale, puis au KGB. En Lituanie, la « Grande Résistance » compta jusqu’à 30 000 personnes. Ces gens défendaient leur pays, leur territoire et luttaient pour l’Indépendance. Lorsqu’ils étaient faits prisonniers, les « frères de la forêt » disparaissaient purement et simplement. Ils étaient emprisonnés et interrogés dans ces couloirs en sous-sol, qui ont accueilli leur dernier prisonnier en 1978. Une cellule dite « molle », pièce molletonnée avec des tissus épais et rembourrés sur les murs, étouffait les cris des prisonniers battus, revêtus d’une camisole de force.
Dans une pièce voisine, les prisonniers privés de sommeil devaient se tenir debout près d’une eau glacée à 1° C. Lorsqu’ils s’endormaient, ils tombaient dans cette eau et étaient ainsi «  réveillés ».
Au bout de ce long corridor sinueux, la dernière pièce est signalée par un panneau « cuisine ».  Quand les prisonniers en franchissaient le seuil, ils étaient assassinés par surprise d’un coup de hache sur le crâne. Puis, les corps étaient évacués secrètement, entassés dans des camions bâchés, sur lesquels étaient écrits en russe le mot khièv, ce qui veut dire « le pain ».
Les martyrs qui se sont succédé dans ces sous-sols sont aujourd’hui honorés.
On ne sait combien de personnes ont disparu ici. A l’entrée du musée, sur le mur extérieur du bâtiment, des noms et prénoms sont gravées dans la pierre : 1073 personnes connues à ce jour. Pour tous ces exécutés disparus, en Lituanie on a commencé à planter des croix sur la célèbre « colline aux croix ».

Tous n’étaient pas exécutés, certains étaient envoyés au goulag.
Un étage du musée est consacré à la vie des déportés en Sibérie, par des températures atteignant couramment les – 50 °C. Le principe des déportations était le suivant : lorsqu’un homme était arrêté et convaincu de non obédience au régime, ou encore accusé de posséder trop de terres, il était déporté en Sibérie pour une durée moyenne de 17 ans. Quant à sa famille, femme et enfants étaient séparés et condamnés à l’exil pour une durée équivalente. Pour les exilés, un accueil était prévu dans des familles en Russie.
Telle fut la barbarie du XXème Siècle.

Eglise orthodoxe du Saint Esprit
On remarque trois personnages au-dessus de l’entrée, ministres des Affaires étrangères au temps du Grand Duc Algirdas, ils ont travaillé sur le territoire de l’Ukraine et de la Biélorussie actuelles.
A l’époque où les Lituaniens étaient encore païens, où certains étaient déjà catholiques, eux ont adopté la religion orthodoxe. Pour cela, le Grand Duc a ordonné qu’ils soient pendus. En 1347, ils ont été exécutés tous les trois. Les corps ont été déposés dans un cercueil en bois de chêne et sont restés miraculeusement conservés. Le cercueil été transporté à Vilnius d’une église à l’autre pour éviter l’afflux massif de croyants vers un seul site religieux.
Au XXème siècle, le cercueil fut transporté à Moscou au musée de l’athéisme. Puis, à l’époque de Staline, un pope de Moscou, d’origine lituanienne, a vu dans un rêve une vieille dame venant chez lui et lui demandant de faire rapatrier le cercueil dans son pays d’origine. Staline, avant de le renvoyer en Lituanie, a demandé une expertise scientifique du cercueil qui n’a donné aucun résultat. On sait que les corps sont toujours conservés aujourd’hui, parce que des femmes en Lituanie les habillent trois fois par an. Les visages des saints sont cachés mais on peut voir leurs poignets et leurs chevilles.

L’ambre
La résine de pin fossilisée est extraite dans des carrières en Lituanie, à Kaliningrad et en Pologne. A Vilnius se trouve un musée de l’ambre où de magnifiques pièces sont exposées. L’ambre est recommandé pour sa valeur énergétique (matelas contenant de la poudre d’ambre, boissons dans lesquelles on dépose de petits morceaux d’ambre, bijoux et parures…)
La plupart des pièces sont jaune clair,  translucides, couleur de résine, mais il existe aussi des variétés d’ambre rouge (morceaux influencés par la chaleur d’incendies de forêts), d’ambre noir (80 % de sable ou de terre, pierres fragiles), d’ambre bleuâtre (contenant des poussières de fer), d’ambre blanc (couleur royale, rare ; on en trouve seulement deux petits morceaux par tonne).

10-Chateau-de-TrakaiLe château de Trakai, construit de 1408 à 1410, est l’un des hauts lieux touristiques en pays lituanien. Un château fort sur une île et de très beaux paysages avec de nombreux lacs. Le cadre est somptueux.
A l’intérieur du château, de belles et vastes pièces d’architecture gothique. Des objets baroques et trésors d’époque y sont présentés. Beaucoup de belles choses, d’époques diverses, proviennent de la Lituanie et des Pays voisins retraçant d’une façon ou d’une autre l’histoire du pays, de l’époque des Grands Ducs à l’aviation contemporaine : vous y verrez des trophées de chasse, des collections de pipes richement décorées, en bois, porcelaine, écume de mer… des collections de sceaux, couverts, bagues, boites à bijoux et autres petits objets en émaux décloisonnés…
Actuellement, une exposition intitulée « Or d’Ukraine » est présentée au château de Trakai : on y voit, parmi les objets précieux, notamment un jeu d’échec exceptionnel et un collier nommé « l’été : la prairie admirable ».

11-CroixLes croix
On découvre en Lituanie des croix en bois impressionnantes fabriquées dans des troncs d’arbre, dont l’aspect vénérable présente à l’imagination quelques reflets d’antiques souvenirs : ce temps lointain où l’enfant écoute, le soir, un conte nordique dans un cadre de vastes forêts peuplées de créatures fantastiques. L’art syncrétique sur les croix lituaniennes associe la croix du Christ avec des symboles païens.
Cette forme d’art populaire est bien connue avec le motif du  « Christ assis », représentant  l’homme accablé de soucis.
En 2001, l’UNESCO a fait figurer l’art de fabriquer ces croix au patrimoine mondial de l’humanité.

12-RumsiskesVillages reconstitués au musée ethnographique de Rumsiskes
Sur un parc de 174 hectares, des villages reconstitués permettent de se rendre compte de la vie d’autrefois en Lituanie. Quatre mode de vie différents y sont représentés avec différents styles de construction d’habitations de quatre régions lituaniennes : le Nord-est avec ses plantations de seigle et ses brasseries de bière, le Sud (région de Trakai) avec sa terre sablonneuse et ses forêts très belles (l’une des régions les plus fertiles d’Europe, riche en baies sauvages, champignons et plantes médicinales), les abords de la mer Baltique et la contrée fertile autour de la ville de Kaunas.
Autrefois, les familles étaient très nombreuses, de 10 à 15 enfants par foyer, et possédaient en moyenne environ 25 hectares de terres. Parfois, dans certains villages, une petite chapelle en bois accompagnait les habitations.
Le parcours permet de découvrir, en pleine forêt, de magnifiques bâtisses en bois qui sont d’anciens pressoirs pour l’huile de lin.

9-YourteLe goulag en Sibérie : les enfants de la glace
Beaucoup plus récente, une maison sibérienne, appelée « yourte », est reproduite. Une couche de tourbe contribuait à isoler sommairement le toit de la maison.
40 personnes vivaient là, sur une terre éternellement gelée. A l’intérieur, la température était de – 2 °C le soir, – 5°C la nuit.
En Sibérie, tout le monde travaillait de 12 à 14 heures par jour, y compris le dimanche. Il n’y avait aucun jour de repos. Cette dame qui nous a fait visiter la Yourte a passé 17 ans dans une semblable demeure. Affamée, elle pêchait du poisson pour des fonctionnaires du KGB. Elle était enfant alors et recevait une ration quotidienne de 250 grammes de pain (500 grammes pour les adultes). Le pain quotidien généreusement octroyé après deux heures d’attente en pleine glace.

13-Visite-Centre-culturel-RVisite au Centre culturel Robert Schuman, à Kaunas
Les amis de Milosz ont été reçus au centre Robert Schuman par Mme Birutė Strakšienė, présidente de l’association Lituanie-France.
Cette association est financée par la fondation Robert Schuman depuis 1993. Dès sa création, plus de 1000 membres sont venus pour apprendre le français ou emprunter des livres, « on pouvait constater que l’amour pour la France brûlait dans les cœurs des francophones de Kaunas » nous a confié la présidente. L’association est sollicitée par des bibliothèques de Kaunas pour organiser des soirées littéraires dans leurs salles.
Grâce à l’appui de francophones très actifs occupant des postes de responsabilité à l’université, l’association Lituanie-France a organisé tout d’abord « la semaine française » (chaque jour une manifestation culturelle), puis le mois de la francophonie, qui a lieu chaque année à Kaunas : de 6 à 10 manifestations dans les domaines de la littérature, l’Histoire de France, la peinture, la musique, la géographie…
Un concours appelé «  poésie d’Oscar Milosz », est organisé chaque année, d’abord à Kaunas, puis sur toute la Lituanie, dans les écoles secondaires et supérieures. Dès l’automne 2008, le concours sera plus général, portant sur la poésie française, avec un poète à choisir.

14-Parc-des-statues-debouloLe parc des statues déboulonnées
Il fallait le faire, ce lieu de mémoire, avec toutes ces statues. En même temps, s’y promener provoque un certain malaise, on entend de la musique russe d’époque provenant de haut-parleurs fixés sur des miradors.
« C’est l’étalage de l’horreur. Le cacher ne sert à rien, le montrer non plus, mais on peut comprendre que le peuple lituanien souhaite montrer ce qu’il a enduré et qui est indicible. »
« Je suis toujours terrifiée quand je vois ce que des hommes peuvent faire à d’autres hommes, c’est effrayant. » Andrée Multon

15-Fin-de-séjourSoirée de l’association des amis de Milosz
En fin de séjour, les amis de Milosz, de France et de Lituanie, ont partagé une soirée à Vilnius : moment exceptionnel d’échange entre personnes venues d’horizons divers – citons notamment Kestutis Nastopka, professeur de sémiotique à l’université de Vilnius, disciple de Greimas. Il a écrit un très bel article dans les Cahiers n°44 :  «  Vision de la Lituanie dans les Symphonies d’Oscar Milosz » – et réunies par l’amour d’un poète et d’une œuvre magistrale.

…Dans cette ville, quelqu’un que je ne connais pas m’attend…
O. V. de L. Milosz

Moments et mots partagés
Caroline Paliulis récite de mémoire plusieurs poèmes de Milosz :
Symphonie de Septembre

Soyez la bienvenue, vous qui venez à ma rencontre
Dans l’écho de mes propres pas, du fond du corridor obscur et froid du temps.
Soyez la bienvenue, solitude, ma mère.
Quand la joie marchait dans mon ombre, quand les oiseaux

Du rire se heurtaient aux miroirs de la nuit, quand les fleurs,
Quand les terribles fleurs de la jeune pitié étouffaient mon amour (…)

Symphonie de Novembre

Ce sera tout à fait comme dans cette vie. La même chambre.
– Oui, mon enfant, la même. Au petit jour, l’oiseau des temps dans la feuillée
Pâle comme une morte : alors les servantes se lèvent
Et l’on entend le bruit glacé et creux des seaux

A la fontaine. O terrible, terrible jeunesse ! Cœur vide !
Ce sera tout à fait comme dans cette vie. Il y aura (…)

« Votre présence est pour nous très précieuse et enrichissante. C’est un trésor que vous avez offert. Nous, Lituaniens, nous vous attendions et préparions notre cœur. C’est avec bonheur que nous vous recevons aujourd’hui. »
Geneviève Druckuté

« Venir en Lituanie, découvrir l’environnement et ces paysages auxquels se réfère Milosz confèrent une âme, un esprit qui se révèle un peu particulier. J’ai retrouvé ici mes racines. » Richard Backis

« Je pensais que peut-être nous passerions une soirée avec vous, mais jamais je n’imaginais que vous seriez si souvent avec nous, que vous partageriez votre histoire, votre mémoire, les bons et les mauvais moments d’autrefois. Votre présence pour nous, c’est inestimable. Peut-être allons-nous lire un peu différemment les poèmes de Milosz, maintenant que nous avons vu les grandes forêts, les lacs et tous ces paysages de Lituanie. »
Janine Kohler

« Vous respectez et admirez non seulement l’œuvre du poète, mais aussi sa personne, et faites perdurer son souvenir, cela se reflète dans les cahiers de votre association que nous lisons toujours avec intérêt et avec un grand plaisir. »
« Qu’y a-t-il en Milosz de si particulier ? Peut-être le paysage de l’automne, qui est, chez nous en Lituanie, si caractéristique. Ce paysage que nous avons devant nous très longtemps, pas seulement en novembre. Cette poésie des brumes est pour nous très chère. »
Nijole Kaselioniené

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