{"id":107,"date":"2015-08-14T14:25:38","date_gmt":"2015-08-14T13:25:38","guid":{"rendered":"http:\/\/www.amisdemilosz.com\/?page_id=107"},"modified":"2019-01-24T14:50:19","modified_gmt":"2019-01-24T13:50:19","slug":"conference-du-29-mars-1919","status":"publish","type":"page","link":"https:\/\/www.amisdemilosz.com\/conference-du-29-mars-1919\/","title":{"rendered":"CONF\u00c9RENCE DU 29 MARS 1919"},"content":{"rendered":"

Retour<\/a><\/span><\/p>\n

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J’ai longtemps recherch\u00e9 l’origine de l’\u00e9motion profonde qui m’agite au souvenir de ce pays si lointain et si longtemps ignor\u00e9 de l’Occident, la Lithuanie.
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\nCe pays, c’est la Lithuanie dont le nom remplit ma t\u00eate et mon c\u0153ur. Je veux vous la faire conna\u00eetre. Venez ! je vous conduirai en esprit vers une contr\u00e9e \u00e9trange, vaporeuse, voil\u00e9e, murmurante. Nous voici aux confins des terres polonaises, d\u00e9j\u00e0 nordiques, certes, mais amoureuses encore des couleurs. Un coup d’aile, et nous survolerons un pays o\u00f9 toutes choses ont la couleur \u00e9teinte du souvenir. Une senteur de nymph\u00e9as, une vapeur de for\u00eat moisissante nous enveloppe… C’est Li\u00eatuva, la Lithuanie, la terre de Gedymin et de Jagellon. Le ciel ti\u00e8de et p\u00e2le de la pensive contr\u00e9e qui s’ouvre devant nous a toute la fra\u00eecheur du regard des races primitives. Il ignore la somptueuse tristesse de m\u00fbrir. Apr\u00e8s la l\u00e9thargie des sept mois d’hiver, il s’\u00e9veille en sursaut \u00e0 la beaut\u00e9 soudaine du printemps et, d\u00e8s la mi-septembre, ce renouveau f\u00e9cond qui n’a point engendr\u00e9 d’\u00e9t\u00e9, rappelle par la voix des corbeaux, le long hiver de sept mois. Alors, le parfum de miel de l’\u00e9t\u00e9 lithuanien fait de nouveau place \u00e0 cette odeur d’automne qui est comme l’\u00e2me de la Lithuanie. Senteur douce-am\u00e8re, comme d’un vieil arbre renvers\u00e9 et enseveli sous la mousse, comme d’une ruine apr\u00e8s l’averse de fin d’\u00e9t\u00e9. Une lumi\u00e8re blafarde enveloppe la plaine, une brume de soufre se couche sur les for\u00eats, la p\u00e2leur de l’id\u00e9e fixe noie la face silencieuse du soleil. Le tra\u00eeneau, bien qu’il n’y ait pas de neige encore, remplace la charrette sur les chemins noy\u00e9s. L’odeur du lin pourrissant dans la rivi\u00e8re s’\u00e9tend sur les campagnes. Enfin, la neige de novembre fait son apparition, et les chiens de garde reprennent leurs interminables colloques du soir avec les loups de la vieille for\u00eat perdue dans le brouillard. (…)<\/p>\n<\/blockquote>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"
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